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T U I L E R I E S

Le palais des Tuileries en 1757

Plus rien ne subsiste aujourd’hui du palais des Tuileries ravagé par le feu en 1871 et rasé définitivement en 1883, et même si un Comité national milite depuis quelques années pour sa reconstruction, c’est uniquement en se référant aux plans et gravures de l’époque révolutionnaire et aux photos du XIX siècle que l’on peut se figurer cet ensemble architectural qui avait abrité dans ses murs le gouvernement de la Première République.

Œuvre de l’architecte Philibert de l’Orme, construit en 1564 par ordre de Catherine de Medicis, le palais des Tuileries (dont la rue des Tuileries actuelle suit le tracé) se composait d’un pavillon central dit «de l’Horloge» encadré par deux ailes se terminant par deux pavillons d’angle, dits de Flore et de Marsan. Le palais fut abandonné en 1671 par Louis XIV au profit de Versailles. Louis XV enfant y avait séjourné pendant 7 ans, partant lui aussi pour Versailles à sa majorité. Depuis, le palais abritait tour à tour l’Opéra, la Comédie Française… sans parler d’une foule d'«hôtes privilégiés» logés là depuis le départ de la Cour, et ce - jusqu’au jour du 6 octobre 1789 où il a dû être remis à la hâte en l’état de recevoir la famille royale forcée de revenir à Paris. L’Assemblée constituante déménageant également, avait décidé le 9 novembre 1789 de s’installer près du roi, dans la salle du Manège où l’Assemblée législative puis la Convention nationale lui ont succédé.


Plan des Tuileries sous la Révolution


Fête de l'Etre suprême aux Tuileries

Palais des Tuileries en 1800 vu de la Cour du Carrosel




- LA CONVENTION AU MANEGE -

Pour la première fois, Antoine s’est certainement retrouvé aux Tuileries le 13 juillet 1790, lorsqu’il a dû, avec dix-huit milles autres fédérés, rendre hommage à Louis XVI dans le Vestibule du pavillon central, avant de défiler le lendemain au Champ de Mars pour la Fête de la Fédération. Mais on comprend aisément que son séjour aux Tuileries prend une autre contenance à partir du 21 septembre 1792: ce jour la nouvelle Assemblée constituante appelée la Convention nationale dont Saint-Just était le plus jeune député, ouvre ses séances, et le palais des Tuileries deviendra par ailleurs Palais National.

La Convention se réunit pour la première fois le 20 septembre 1792 dans la salle des Cent-Suisses aux Tuileries, pour procéder à la vérification des mandats et reprendre officiellement le relais de l’ancienne Assemblée Législative. Le 21 septembre, la Convention légalement constituée, ouvrait sa session en abolissant la royauté et en proclamant la république, et à partir de ce moment, Saint-Just était naturellement tenu d’assister à toute séance qu’elle tiendra et qui sont quotidiennes.

La Convention siège donc depuis le 21 septembre dans la salle du Manège (n°1 du plan). Construit sous Louis XV, le Manège longeait sur 120 mètres la terrasse des Feuillants. On peut le situer aujourd’hui à l’emplacement de la rue de Rivoli à laquelle il a laissé la place en 1803. La porte d’entrée au Manège donnait sur le passage des Feuillants (actuelle rue de Castiglione) reliant la terrasse des Feuillants et la rue Saint-Honoré. Une plaque commémorative sur la grille du jardin des Tuileries, face au n° 230 rue de Rivoli, rappelle la présence des différentes Assemblées au Manège et la proclamation de la République dans ses murs; à ce niveau, on est à mi-longueur de la salle, à l’emplacement de la tribune, le fauteuil du Président se situant donc au côté opposé. L'assemblée y restera jusqu’au 10 mai 1793; c’est dans cette salle longue, étroite et à la mauvais acoustique, que vont se dérouler les débuts de la carrière politique de Saint-Just, au cœur des événements de la plus haute importance: le procès de Louis XVI, la guerre, la levée des 300 000 hommes, la création du tribunal révolutionnaire et du Comité de Salut public, enfin les affrontements de plus en plus violents entre la Montagne et la Gironde…



Procès de Louis XVI. La gravure nous montre l'intérieur de la salle du Manège


Plaque commémorative rue de Rivoli






- LA CONVENTION DANS LA SALLE DES MACHINES -

Le 10 mai 1793, la Convention se transporta dans la nouvelle salle - celle des Machines (ancienne scène du théâtre) au palais des Tuileries, dans l’aile nord (côté Marsan, fenêtres donnant sur le jardin). Le déménagement était décidé d'une part, parce que la salle du Manège était inadaptée à la vocation d’abriter une Assemblée parlementaire. D'autre part, il y avait là une volonté politique de faire régner la République jusqu'aux lieux mêmes qui ont abrité le dernier roi; et puis, la Convention se rapprochait ainsi de ses comités éparpillés dans le Palais.

Le pavillon central (dit de l'Horloge) du Palais, décoré pour l'occasion d'un bonnet phrygien, fut rebaptisé en Pavillon de l’Unité (n°2 du plan), ceux de Flore et de Marsan étaient nommés Egalité et Liberté. La salle des Machines a été aménagée en conséquence par l’architecte Gisors qui l'a séparée en vestibule dit salle de la Liberté, et en salle des séances. Cette dernière présentait un vaste et long amphithéâtre aux dix rangs de gradins séparés en deux parties perpendiculaires, en face desquels s'élèvent les bureaux du président et des secrétaires, dominant la tribune. Les deux parties latérales de la salle présentent chacune 5 portiques; dans leurs renfoncements sont installés deux rangs de tribunes pour le public. Entre les portiques, on voit les statues des hommes illustres de l'antiquité: Solon, Platon, Demosthène, Lycurgue, Brutus... La décoration générale était dans le style «du bel antique, pur et d'une noble simplicité», les couleurs dominantes étant vert antique, jaune antique et pourpre. La salle ne fournissait pas une meilleure acoustique - un contemporain nous dit qu'«elle présente un grand nombre de renfoncements et de percées où la voix s'étouffe et se perd. si l'on ne parle pas assez haut, on n'entend pas; si on parle trop haut, les murs étant lisses et sans draperies, la voix devient alors trop éclatante et fait écho». Les contemporains dénotent aussi que l'éclairage s'effectuant pas les baies vitrées en haut, les conventionnels avaient le teint plutôt livide par certains jours peu ensoleillés. Par contre, la nouvelle salle offrait de grands balcons pouvant contenir jusqu’à 2000 personnes du public – un avantage considérable aux yeux des Montagnards désirant une large assistance du peuple souverain aux séances.

La Convention y restera jusqu’à sa séparation le 25 octobre 1795; c’est donc dans cette salle mal éclairée et à l'acoustique périlleuse que les principaux rapports de Saint-Just au nom du Comité de Salut Public seront prononcés, que le gouvernement révolutionnaire et les décrets de ventôse seront votés; c’est ici qu’auront lieu et l’insurrection du 31 mai – 2 juin 1793, et le vote de la Constitution de l’an I, et la tempête du 9 thermidor…



L'intérieur de la salle des Machines






- LES COMITES DE LA CONVENTION -

La Convention n’a pas attendu son déménagement au palais pour l’investir; dès ses débuts, elle y avait installé ses nombreux comités: le Comité des Monnaies a pris les ex-appartements de la Princesse de Lamballe au pavillon de Flore, le comité de Liquidation était à côté, dans les appartements de Madame Elisabeth, les autres occupaient les autres salles du Palais. Mais les plus connus sont certes, le Comité de Salut public et le Comité de Sûreté générale appelés comités gouvernementaux à cause de leurs hautes responsabilités.

Le Comité de Salut public, créé le 6 avril 1793, s’installa dans la Petite-Galerie (n°3 du plan); c'est ainsi que l'on appelait l'aile sud du palais reliant le Pavillon de l'Horloge à la galerie Bullant longeant la Seine, le Pavillon de Flore étant situé au croisement de ces deux bâtiments. Il a pris les anciens appartements de la reine au rez-de-chaussée; on accédait dans les deux premières salles par un escalier côté Carrousel, mais la salle de réunion donnait sur jardin. Saint-Just a été adjoint au Comité le 30 mai 1793 pour travailler sur le projet de Constitution, mais ses tâches y étaient de loin bien plus considérables; il devient en conséquence membre «à part entière» une semaine plus tard et le restera jusqu’au coup d’état du 9 thermidor. Les locaux du comité deviennent dès lors pour lui un deuxième «lieu de travail» où il passera le plus clair de son temps en dehors des séances de la Convention et de ses missions auprès des armées.

Papier-peint du comité Il nous reste peu de détails sur l'intérieur du comité; on a noté une salle commune de délibérations aux fenêtres hautes, aux tables tendues du drap vert et aux murs tapissés du papier-peint aux motifs révolutionnaires, ainsi que l'accessibilité relative de cette salle qui n'était séparée de l'antichambre remplie des solliciteurs que par un ruban tricolore. Ainsi nous la montre la gravure, mais il est pourtant certain que c'est les huis clos gardés par les huissiers que le Comité tenait séances la plupart des cas lorsque les temps étaient devenus sombres et tragiques. En outre, le comité ne cessant de s’agrandir, a fini par récupérer l'ancien appartement du roi au premier étage; le bureau de la police générale créé sur les instances de Saint-Just en avril 1794, fut installé au deuxième.

Le Comité de Surêté générale avait occupé l'hôtel de Brionne, un hôtel particulier au nord de la cour du Carrousel près du pavillon Marsan (n°4 du plan, à l'opposé de celui de Flore). L'hôtel Brionne était relié au palais des Tuileries par un couloir en bois.

Que reste-t-il des comités? L'hôtel de Brionne a disparu depuis longtemps; le pavillon de Marsan actuel ne date que de la fin du XIX siècle, détruit par les flammes en 1871, rasé puis reconstruit à l'identique au Pavillon de Flore. Ce dernier est toujours debout; profondément endommagé par l’incendie, il a été lui aussi reconstruit dans les années qui suivirent. Mais le pavillon centra du palais des Tuileries étant exclu de la reconstruction, plus rien ne subsiste de la Petite-Galerie; c’est donc en vain que l’on irait y chercher les anciens intérieurs des Comités.


Comité de Salut public de l'an II

Beau pavillon de Flore, mais pas de traces du comité...
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