Site Internet de Louis-Antoine Saint-Just _ Notices biographiques



CLAUDE MANCERON, avec la collaboration d'ANNE MANCERON
La Révolution Française. Dictionnaire biographique
P., éd. Renaudot et Cie, 1989

SAINT-JUST Louis-Antoine.
Né à Decize (Nièvre) le 25 août 1767; guillotiné à Paris le 28 juillet 1794.

Fils d'un ancien officier de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, Saint-Just quitte le Nivernais dans sa petite enfance pour suivre sa famille à Blérancourt, dans l’Aisne. Après avoir fait des études chez les Oratoriens de Soissons, puis du droit à Reims, il revient dans son village. Or, parce qu'il lui aurait volé de l'argenterie, sa mère le fait enfermer au début de 1787 dans une maison de correction pour jeunes gens, à Picpus, pendant quelques mois. Elle n'est pas au bout de ses peines: Saint-Just se met alors à écrire un poème, Organt (qui sera publié à la fin de 1789), sorte de parodie de la poésie héroïque à l'espagnole, où il fait la satire des préjugés et des vieilles idées avec des allusions à son époque: certaines scènes sont pleines de violence, jusqu'à la caricature. En 1789, il est à Paris pour assister à des séances de l'Assemblée et aux Jacobins. Rentré chez lui plein d'enthousiasme, il s'engage dans les gardes nationaux de son pays.

Au moment où la Constituante va se séparer, il publie un ouvrage de réflexion: Esprit de la Révolution et de la Constitution de France, qui est épuisé en quelques jours. Depuis un certain temps déjà, il entretient une correspondance avec Robespierre, en fait depuis le jour où (le 19 août 1790) il lui a adressé une lettre restée célèbre: «...Vous que je ne connais, comme Dieu, que par des merveilles, je m'adresse à vous...» Ils se lieront d'une amitié‚ qui durera jusqu'à leur mort.

Saint-Just ne peut pas faire partie de la Législative puisqu'il n'a pas encore vingt-cinq ans. Il prend sa revanche l'année suivante en étant élu à la Convention. Il se place aussitôt aux côtés de Robespierre. Froid, un rien compassé, il impressionne ses collègues; il leur fait même peur par sa capacité a s'exprimer par des sentences qui tranchent comme une hache. Robespierre, qui l'a compris, va faire de lui le porte-parole du comité de Sûreté générale pour les occasions spéciales, par exemple les rapports sur le gouvernement révolutionnaire, sur la loi contre les Anglais, sur les factions de l'étranger, sur la police générale, etc. Saint-Just en rédige personnellement les préliminaires, et ils sont redoutés... Complètement voué à la Révolution, Saint-Just ne vivra que pour elle, jusqu'au «chemin de croix» final.

Entré au comité de Salut Public, il participe à la rédaction de la nouvelle constitution, qui sera dite «montagnarde», dont Hérault de Séchelles est le rapporteur, le 24 avril 1793; d'ailleurs, c'est Saint-]ust qui était monté à la tribune pour attaquer celle déposée par Condorcet. Il lutte contre les Girondins – il est le rapporteur, le 8 juillet, des accusations rassemblées contre eux par les Montagnards - mais, personnellement, il ne s'est pas mêlé à leurs joutes oratoires et à leurs querelles. Toujours dévoué à Robespierre, il le soutient fermement dans son combat contre les Hébertistes, puis contre Danton et Camille Desmoulins.

Or, c'est aux armées qu'il fournit sa plus grande activité personnelle. Là, il prend ses décisions seul, surveille tout et y exerce son esprit méthodique; il ne s’y fera pas vraiment aimer, ni de l'armée ni des populations civiles, mais il accomplira un travail considérable. Etant presque toujours mû par l'amitié, il est accompagné‚ dans ses missions de Philippe Le Bas. A la mi-octobre 1793, il part à l'Armée du Rhin où il restera jusqu'au début de janvier 1794: il y établit la discipline et participe aux combats, notamment à Landau; en février, puis en mai et en juin, il est aux frontières du Nord, où, là encore, il se bat avec les troupes - il est présent sur le champ de bataille de Fleurus, le 26 juin.

Quand il rentre à Paris, à la fin de juin, l'esprit encore occupé par l'épopée militaire qu'il vient de vivre, il trouve le comité de Salut Public désuni et Robespierre complètement isolé. Dans un premier temps, il tente de réconcilier son ami avec les autres membres du comité. Toutefois, la brisure est sans doute trop profonde; le 9 Thermidor, on l'empêche de lire son discours prévu devant l'Assemblée. Dès lors, il entre dans le silence. Solidaire de Robespierre, comme il l'a toujours été, il se laisse arrêter, conduire aux Ecossais, puis enlever et mener par les sections parisiennes en rébellion à l'Hôtel de Ville, où se trouvent déjà ses amis, les frères Robespierre, Le Bas et Couthon. Là encore, il se tait. Etait-il alors en désaccord avec Robespierre? L'énigme Saint-Just persistera jusqu'au bout. Dans une espèce de testament, il avait écrit: «Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle; on pourra la persécuter et faire mourir cette poussière! Mais je défie qu’on m’arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux». Il monte à l'échafaud avec ses amis, le 10 Thermidor.

Barère écrira plus tard: «C'est lui qui a dit que le «repos des révolutionnaires est dans la tombe, et il y est descendu à l'âge de vingt-sept ans...» Or, son pouvoir politique n'aura même pas duré deux ans... Faut-il que la fulgurance de ce destin ait frappé ceux qui avaient mis tout leur espoir dans la Révolution!

Mise en ligne: 25 septembre 2009

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- 25 AOUT 2006 -
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