Le site Internet de Louis-Antoine Saint-Just _ Le tribunal révolutionnaire et la Conciergerie

TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE

Le bâtiment de l'actuel Palais de Justice au n°4 boulevard du Palais (anciennement rue de Barillerie) recouvre l’emplacement du premier palais des rois de France datant de l’époque des Capétiens et abandonné vers 1431. Depuis le XV siècle et jusqu’à la Révolution, le palais abritait le Parlement de Paris, aboli le 3 novembre 1789. Sous la Révolution, ce bâtiment devient le centre de la justice révolutionnaire; jusqu'à nos jours, le palais reste le siège des diverses instances juridiques regroupant actuellement le TGI de Paris, la Cour d'appel de Paris et la Cour de Cassation.

Le 17 août 1792, le tribunal criminel créé après le 10 août, s’installe dans la salle Saint-Louis laissant la Grande chambre (lieu des «lits de justice» royales, appelée aussi Chambre dorée à cause de la riche dorure de son plafond) à la Cour de Cassation. Mais du 10 mars 1793 au 31 mai 1795, c'est le tribunal révolutionnaire qui occupê les lieux. Composé de cinq juges, un accusateur public et de douze jurés, il tient ses séances dans la Grande Chambre qu’on a considérablement réaménagée pour l'occasion. Les ornements dorés et la tenture fleurdelisée disparaissent laissant place aux bas-reliefs aux sujets révolutionnaires, et à la Déclaration des droits de l'homme et la nouvelle constitution, encadrées. La Salle est meublée de tables «à pieds de griffon»; on y installe des gradins pour les accusés et pour le public, séparés par une cloison.

La plupart des procès politiques de la Révolution, celui de Marie-Antoinette comme celui d'un obscur accusé, ont eu lieu dans cette salle (mais celui des Dantonistes s'est tenu dans la salle St-Louis). C'est aussi ici qu'ont comparu devant Fouquier-Tinville, à la séance du 10 thermidor après-midi, les 22 Robespierristes arrêtés dans la nuit à la Maison commune. Etant donné leur mise hors-la-loi par le décret de la Convention, Fouquier n'avait qu'à constater leur identité et à requérir contre eux l'application dudit décret. Ce qui a été fait en une demi-heure.

Que reste-t-il du tribunal aujourd'hui? Ravagé au cours des siècles par des incendies, plusieurs fois reconstruit, le bâtiment du palais a été agrandi et modifié. Toutefois, pénetrant dans le palais par le grand escalier, on se retrouve à la galerie Marchande. A droite, la Salle des Pas Perdus nous sépare de la Première Chambre civile, alias fameuse Grande Chambre. Détruite par l’incendie 1871, elle a été reconstruite d'après les plans d'origine, ne tenant donc point compte du décor révolutionnaire.

Quant à la cour de Mai, l'œuvre des architectes Desmaisons et Antoine (1783-86), et la grille dorée (par le serrurier Bigonnet, sous Louis XVI) séparant la cour du boulevard, cette partie du palais n’a pas subi de modifications. L’entrée à la Conciergerie se trouvant à l’époque sous l’arcade à droite du bâtiment central, les charrettes des condamnés se formaient dans cette même cour avant de franchir la grille pour se diriger vers diverses lieux d'éxecution. C'est donc de là que les charettes de ceux que Fouquier venait à identifier l'après-midi du 10 thermidor an II, ont pris leur chemin vers la place de la Révolution.



L'actuelle Grande Chambre


n'est plus la même où siègeait le Tribunal Révolutionnaire





C O N C I E R G E R I E


L’ensemble architectural de la Conciergerie, la plus ancienne prison de France, a été érigé sous Philippe le Bel au début du XIV siècle. Attenant au Palais de Justice, elle était autrefois l'habitation du Concierge du palais, puis est devenue la prison des condamnés de la première juridiction du royaume. Durant des siècles, elle a gardé sa destination carcérale, et même classée Monument historique depuis 1862, ce n’est que depuis 1914 que la Conciergerie n’a plus de fonction pénitentiaire.

Son aspect extérieur n’a pas changé; à l’intérieur, par contre, maintes modifications ont été apportées suite aux incendies ou aux décisions des dirigeants, les dernières restructurations datant de l’époque du bicentenaire.

l’époque de la révolution, la prison était liée à la Chambre dorée par un escalier. Comme on le sait, tous les prisonniers en attente de passage devant le tribunal révolutionnaire, ont été détenus à la Conciergerie. Les cellules des femmes occupaient la partie la plus ancienne de la prison, les hommes étaient incarcerés dans la salle des Gardes distribuée en cachots, ainsi que dans les galeries du Préau. Le matin du 10 thermidor, on a donc transféré ici Robespierre et ses amis, gardés depuis la nuit dans les locaux du Comité de Salut public. Robespierre devait être mis au secret, mais vu son état de santé, le «secret» était pour lui le local de l'infirmerie; par ironie du destin, cette pièce est devenue l'antichambre de la chapelle du souvenir de Marie-Antoinette. Impossible donc de reconnaître le lieu; seule la petite fenêtre de l'infirmerie donnant sur la cour des femmes, est toujours la même qu'à l'époque.

Saint-Just, d'après les souvenirs de la famille Samson rapportés par le petit-fils du fameux «exécuteur des hautes oeuvres», aurait été enfermé dans la cellule appelée «la bûche nationale», côté préau des hommes. D'autres le placent avec les conseillers municipaux, qui, puisque, de toute évidencee, leur séjour dans ces lieux ne saurait se prolonger, auraient attendu leur sort dans la cour, dans le triangle fermé par la grille, un coin appelé le «Côté des Douze» mais connu aussi sous le nom romantique des «derniers soupirs».

Après le passage dans l'après-midi à la Grande Chambre pour que Fouquier-Tinville puisse s'acquiter de ses formalités, les condamnés sont revenus à la Conciergerie; et de là, préparés pour le dernier voyage, ont rejoint la cour de Mai.



La cour et le préau des hommes sur une gravure de 1830

Le triangle
Une question, une suggestion, une remarque? Contactez-moi:
st-just-contact@antoine-saint-just.fr
Date d'ouverture du site:
- 25 AOUT 2006 -
©Antoine-Saint-Just.fr. ®Tous droits réservés. Toute utilisation des textes ou images de ce site à des fins commerciales est interdite. Autrement, leur reproduction doit faire l’objet d’une référence au: © www.antoine-saint-just.fr