Les ruines du château de Coucy, le plus grand château fort du Moyen âge européen existant encore de nos jours, se situent à proximité de Blérancourt. Il fut construit
entre 1225 et 1230 (rapidité incroyable!) par Enguerrand III défiant la couronne qui lui échappa. Hauts de 33 mètres, réputés imprenables, les murs du château
nous rappellent l'orgueil passé des seigneurs de Coucy dont la devise arrogante, connue des manuels d'histoire, disait: "Roi ne suis, ni prince, ni duc, ni comte ainsi, je suis le sire de Coucy!"
Malgré maintes tentatives de destruction (dont la dernière date de Mazarin), malgré la Révolution avec sa haine de tout vestige féodal, malgré
les deux guerres dévastatrices du XX siècle qui n'ont point épargné le château, ce témoin des profondeurs du temps est encore débout et continue à impressionner
les visiteurs. Cependant, sa fierté principale, le gigantesque donjon (54 m de hauteur, plus de 30 m de diamètre), présent encore dans le paysage à l'époque de Saint-Just, n'est plus:
en 1917, la dynamite allemande a eu raison de lui là où la monarchie et la révolution avaient échoué.
De mystérieuses légendes circulent sur ce lieu, comme celle qui affirme que lorsqu'un des habitants de la ville de Coucy rend son
dernier soupir, la cloche se met à sonner toute seule... Rien d'étonnant donc que ce monstre moyenâgeux avait frappé l'imagination du jeune Antoine qui a
consacré sa première oeuvre manuscrite à l'histoire de ce château et de ses sires quoique tous les historiens se plaisent à conclure que rien dans ce récit
laborieux ne permet de deviner le futur ardent révolutionnaire.
D'après une tradition locale bien enracinée, les alentours verdoyants du château et ses ruines pittoresques furent un lieu de promenade pour le jeune Antoine
et son amie Thérèse Gellé et servirent du cadre silencieux à leur romance. Malgré une montée assez abrupte, ces murs offrent en effet une multitude de recoins
romantiques qui ont dû durant les siècles de leur existence cacher tant d'amants dans leur ombre qu'ils n'avaient aucune raison de refuser un abri à ce couple là.
Toutefois les liens entre Saint-Just et Coucy ne se limitent pas à ces moments romantiques. C'est à Coucy que les nouvelles instances juridiques furent
installées en 1790, et le 11 octobre de cette année, Saint-Just avait, avec d'autres électeurs de Blérancourt, participé à l'élection des juges du district. Il a été
logé dans la maison du notaire Charles Garrot, connu par ses interventions contre les abus féodaux. Saint-Just avait sollicité son concours
pour l'affaire des communaux qui opposait Blérancourt dont il était l'avocat, au sieur Grenet. L'amitié qui liait les deux hommes, a duré jusqu'à la
mort de Saint-Just.