Le cimetière des Errancis fut ouvert le 24 mars 1794, sur décision de la Mairie de Paris, suite à la fermeture de celui de la Madeleine. Le nouveau cimetière occupait
le terrain vague accolé au mur des Fermiers-Généraux, près de la «Folie de Chartres», le parc Monceau actuel. Le carré du cimetière que l'on voit sur l'ancien plan (1835)
se situer entre le boulevard de Monceaux, la rue du Rocher et l'avenue de Valois, correspondrait aujourd'hui en majeure partie à l'actuel boulevard de Courcelles au niveau
du métro Villiers.
Une plaque, au coin de la rue de Monceau et rue du Rocher, marquant l'emplacement de l'entrée, rappelle l'existence de ce cimetière où furent enterrés
les 1119 personnes guillotinées place de la Révolution entre le 24 mars 1794, date d'ouverture du cimetière, et le 9 mai 1794, lorsque la guillotine a été déplacée
à la barrière du Trône, y compris les 106 victimes du Thermidor et Fouquier-Tinville exécuté le 7 mai 1795.
Le soir du 10 thermidor, la guillotine étant revenue place de la Révolution, c'est ici, au cimetière des Errancis, que furent ensevelis Robespierre, Saint-Just et leurs
camarades de malheur. Barras prétend dans ses mémoires avoir ordonné de les enterrer au cimetière de la Madeleine, puis, la
nuit, transporter secrètement les corps au cimetière des Errancis. Même si l'on accorde foi à ses allégations douteuses, le résultat est le même:
Robespierre et ses amis ont été inhumés aux Errancis. D'après certaines sources, le lieu supposé de leur fosse commune se situerait au niveau de l'actuel n°23
du boulevard de Courcelles (bâtiment du garage Renault).
Après thermidor, et jusqu'au 23 avril 1797, date de sa fermeture, le cimetière fut affecté aux inhumations de la population des quatre premiers arrondissements
de la rive droite. Mais les morts ne s'y reposèrent point en paix... Aussitôt après la fermeture, un bal s’installa sur son emplacement. Puis, à la Restauration,
Louis XVIII fouilla consciencieusement les tombes en espérant (en vain) retrouver la dépouille de Mme Elisabeth, sa soeur. Puis, entre 1844 et 1859, les travaux
d'Haussmann ont commencé, et avec eux, la construction du boulevard de Courcelles. Nouvelles fouilles en 1848, cette fois-ci - pour retrouver les restes des
révolutionnaires. Rien n'a été retrouvé. On transporta donc aux Catacombes tous les ossements exhumés. Et on construisit à l'emplacement du cimetière les
beaux immeubles de l'actuel XVIIème arrondissement...
Saint-Just avait prévu ce destin lorsqu'il avait écrit, peu avant sa fin, cette magnifique prophétie devenue son épitaphe: «Je méprise la poussière qui me compose,
[...] mais je défie qu'on m'arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux». Ainsi fut-il. Ses cendres se sont dérobés à la
postérité ingrate, et nul ne pourra jamais ni fleurir sa tombe, ni la fouler aux pieds. Sa vie éternelle dans les cieux dépasse l'entendement des simples mortels. Il ne
nous reste ainsi que sa mémoire. Tant que son souvenir sera présent dans nos coeurs, tant durera sa vie dans les siècles.