Vue générale de Reims, carte postale début XX siècle
La tradition veut que Saint-Just ait été étudiant à la faculté de Droit de l'Université de Reims, la veille de la Révolution. Quoique rejetée par certains de ces biographes
à défaut de preuve tangible de son inscription (les archives sont lacunières dans leur état actuel), cette version est admise par d'autres, et particulièrement
développée par Gustave Laurent, un historien local de fin du XIX siècle. Saint-Just lui-même se dit «étudiant avant la révolution», et son souvenir bien
présent chez les rémois au XIXème siècle, renforce la probabilité de son séjour dans cette ville.
L'Université de Reims, fondée en 1548 par le cardinal de Lorraine, était composée des facultés des Arts, de Théologie, de Médecine et de Droit. Cette dernière
était installée dans les locaux du Cloître Notre-Dame, adjacents à la Cathédrale. Très connue la veille de la Révolution et jouissant d'une renommée certaine,
la faculté de Droit était en même temps accusée de distribuer avec complaisance les grades et les diplômes moyennant une contribution financière.
Toutefois, plusieurs juristes éminents avaient alors pris sa défense, et nombreux sont les futurs protagonistes de la révolution, futurs législateurs, magistrats ou ministres,
qui avaient fait leur droit à Reims: Deville, François de Neufchâteau, Brissot, Buzot, Prieur de la Marne, Couthon, Danton, Fouquier-Thinville, Pétion...
Saint-Just serait entré à la faculté de Droit en octobre 1787, et l'aurait quittée en avril 1788. Il avait été logé rue des Anglais (actuellement rue Saint-Just, baptisée ainsi en
1903), à proximité de la Cathédrale et de la faculté, dans une maison appartenant au boulanger Fouet, qui y louait des chambres aux étudiants en droit. La maison, qui
figure encore sur la vieille gravure rapportée par G. Laurent, était hélas déjà démolie au moment de la publication de son article.
L'étroit carrefour des rues des Anglais et de l'Université a été élargi, et à l'emplacement de la maison occupée jadis par Saint-Just, se trouve aujourd'hui
l'immeuble formant le coin de ces deux rues.
L'Université de Reims a été supprimée en 1792: le professorat étant principalement ecclésiastique, la majorité avait en effet refusé de prêter
serment de fidélité à la nation. Les bâtiments de la faculté de Droit ont été détruits en ce moment, et ont laissé place à l'actuelle rue Robert de Coucy
qui longe le portail nord de la cathédrale. Les derniers vestiges de l'ancienne faculté ont disparu lors de la Première guerre mondiale.
Parlant de Reims, il est impossible de ne pas évoquer la célébrissime cathédrale Notre-Dame, lieu de sacre des rois de France. Louis XVI s'y était fait sacrer
en 1775; les rémois, les étudiants et même les écoliers (tel Danton qui n'a pas hésité de fuir son collège à Troyes et se rendre à Reims pour l'occasion) ont
pu admirer la cérémonie du sacré. Il est impossible de croire que Saint-Just, s'il avait vécu à Reims, n'ait pas visité la Cathédrale. On ne fera pas faute d'imaginer
qu'il est venu l'admirer, et le célèbre «Ange au sourire», l'archange Gabriel de l'Annonciation, emblème de la ville mondialement connu, lui avait alors souri comme
il nous sourit aujourd'hui.
La gravure reproduite par G. Laurent représente les n°6 et 4 de la rue des Anglais;
Saint-Just avait habité le n°4 |
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Actuels n°6 et 4 de la rue Saint-Just
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Une maison de la vieille ville ressemblant à celle de la gravure |
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Cathédrale de Reims |
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Ange au sourire |
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La nef centrale |
Je tiens à remercier M. Patrick DEMOUY pour son aimable aide dans cette recherche.