Vue générale de Soissons, carte postale début XX siècle
Une partie de la vie de Saint-Just est fortement liée à la ville de Soissons. Il y avait fait ses études au collège Saint-Nicolas; puis, en 1787-88,
y avait travaillé comme second clerc dans l'étude du maître Dubois-Descharmes, avoué. C'est tout naturellement alors qu'il se prononce en faveur de
Soissons en 1790, lors de la désignation de chef-lieu du département de l'Aisne: les arguments objectifs n'ont pas manqué, mais le coeur était là aussi.
Un autre point important allait renforcer son affection dans quelques années: le 5 septembre 1792, dans la cathédrale Saint-Gervais de Soissons, Saint-Just avait
été élu député à la Convention.
Fondé en XIII siècle, le collège Saint-Nicolas était dirigé depuis 1765 par les Oratoriens qui avaient une bonne réputation en matière d'éducation. Situé rue du Collège,
un plan de 1846 montre la disposition de ses classes et permet d'apprécier la grandeur de ce «complexe éducatif». D'après ses biographes, Antoine y était
entré vers 1779, à l'âge de 12 ans. Soissons se trouvant à 25 km de Blérancourt, le jeune garçon avait été sans doute reçu à l'internat
auprès du collège et ne devait rentrer à Blérancourt que pendant les vacances scolaires. Récompensé par plusieurs prix durant sa scolarité, il avait terminé les
études en 1785, à l'âge de 18 ans.
L'ancien bâtiment du collège que Saint-Just avait fréquenté, n'existe plus; se trouve partiellement à son emplacement l'actuel collège Saint-Just où une plaque
commémorative rappelle sa présence dans ces murs. La chapelle du collège, encore débout au début du siècle dernier, a disparu pendant la guerre de 1914-18; une bonne
partie de la rue du Collège avait été alors réduite en ruines. Soissons est en effet une «ville-martyre» de la Première guerre mondiale; elle avait subi des bombardements
massifs jusqu'en 1917. Par miracle, la porte d'entrée de l'ancien collège a échappé aux dommages de la guerre et subsiste encore. En mai-juin 2008, lors des travaux dans
la partie du XVIIIème siècle, un ancien escalier datant de l'époque de Saint-Just a été détruit; les deux vestiges rescapés des travaux, la rampe de l'escalier et
la porte, sont exposés au collège.
Actuel collège Saint-Just, 14 rue des Cordeliers |
Vue du hall |
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Ancienne chapelle du collège après les bombardements |
Ancienne porte d'entrée |
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Porte rescapée des travaux de 2008 |
Ancien escalier disparu en 2008 |
Parties de la rampe exposées au collège |
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Les clichés du collège actuel ont été aimablement prêtés par Mme Catherine Gosselin
Le 2 septembre 1792 les électeurs du département de l'Aisne se sont réunis à la cathédrale Saint-Gervais de Soissons afin de désigner les députés à la future
Convention nationale. Agé de 25 ans et 1 semaine, Saint-Just se trouvait parmi eux de plein droit désormais. Il fut d'abord élu vice-secrétaire, puis
président du premier bureau de vote. Le 5 septembre suivant, on procéda au comptage des voix; il avait obtenu 349 voix sur 600, et fut ainsi élu le cinquième
député de l'Aisne. Son rêve le plus cher venait de se réaliser. Montant à la chaire de la cathédrale, ému et heureux, Saint-Just avait exprimé
à l'assemblée «toute sa sensibilité et la plus grande modestie».
La cathédrale n'a pas elle non plus échappé aux bombardements de la Première guerre mondiale. Sensiblement endommagée, elle a été fidèlement restaurée,
mais l'intérieur où Saint-Just avait vécu son élection à la Convention, a disparu pour toujours. Seules, quelques cartes postales anciennes permettent
de le restituer.