ICONOGRAPHIE DE SAINT-JUST:
éléments d'une enquête
Répondre à la question comment était Louis Antoine Saint-Just, quel était son visage, sa figure, son maintien, n'est point une chose aisée, et ce - malgré un
nombre de portraits peints de son vivant. Même s'ils reproduisent tous les traits du visage à peu près similaires, l'image générale renvoyée par eux, est
très dissemblante, passant de la beauté distinguée au sourire de Mona Lisa sur la toile de David à l'image repoussante du sans-culotte morne et vulgaire
brossée par Bonneville, et de la fragilité d'un jeune homme blond du pastel Le Bas à la sensualité d'un brun ténébreux du pinceau de Prud'hon.
Banale est devenue la phrase d'André Malraux: «La légende ne naît pas de la beauté de Saint-Just, sa beauté naît de la légende». Les écrivains,
les historiens, les essayistes ont assez spéculé sur le physique de Saint-Just, le représentant tantôt exagérément beau, tantôt, au contraire, lui refusant
toute particularité du facteur extérieur, les descriptions (im)partiales de quelques Conventionnels à l'appui. Celle laissée par Paganel en est la plus détaillée:
«Une taille moyenne, un corps sain, des proportions qui exprimaient la force, une grosse tête, les cheveux épais, le teint bilieux, des yeux vifs
et petits, le regard dédaigneux, des traits réguliers et la physionomie austère, la voix forte, mais voilée, une teinte générale d'anxiété, le sombre accent
de la préoccupation et de la défiance, une froideur extrême dans le ton et dans les manières, tel nous parut Saint-Just, non encore âgé de trente ans».
Les témoignages de la réserve hautaine de Saint-Just, de son maintien altier, son «orgueil insupportable» (B. Barère), son «arrogance qui dépassait
toutes les bornes» (L. Carnot), son stoïcisme, son goût vestimentaire irréprochable et sa raideur soulignée peu naturelle, sont légion chez ses ex-collègues.
Mais ils gardent le silence absolu quant à son visage. Sa soeur Louise, par contre, va jusqu'à la fin de ses jours assurer tout le monde de «la grande
beauté de son frère Antoine». Charles Nodier, qui à 12 ans avait contemplé Saint-Just à Strasbourg, le dit aussi beau dans ses mémoires, mais pas de
cette beauté recherchée des gravures du XIX siècle.
Il ne nous appartient guère de trancher dans cette confrontation par contumace des témoins depuis longtemps morts. Nous ne pouvons que nous tourner vers les
preuves matérielles et les témoignages visuels, tout en regrettant que la photographie n'eût pas été inventée un demi-siècle plus tôt...
PORTRAITS DU VIVANT DE SAINT-JUST
IMAGES DU XIX SIECLE
SCULPTURES ET MEDAILLES
IMAGERIE DU 9 THERMIDOR
LA VISION ARTISTIQUE CONTEMPORAINE
CURIOSITES
SAINT-JUST A L'ECRAN
Je remercie sincèrement Monsieur Albert SALTIEL dont l'excellente étude sur l'iconographie de Saint-Just m'a été très utile dans la création de cette
rubrique
Mise en ligne: 18 juin 2008. Dernière mise à jour: 20 septembre 2017